Évolutions sociétales (suite).
Dans les derniers articles, l’opposition entre les évolutions technologiques, les évolutions banales, les évolutions des moeurs, les échappatoires contre le l’ordre établi, le dogme, le pouvoir absolu sous toutes ses formes et les résistances ce même pouvoir par des stratagèmes, des formatages, des retours à l’ancien, des régressions barbares au nom d’un fondamentalisme qui peut aujourd’hui , par une barbarie au nom de la pureté de « la charia », couper des mains, lapider, exécuter, détruire des monuments de Saints musulmans, rétablir les gynécées etc…Il est étonnant que ce retour du religieux prenne des formes aussi différentes en Occident et en Orient; d’un côté, un retour au Moyenâge, de l’autre un déguisement , un habillage au nom d’une morale hypocrite; on accepte la peine de mort, le business, les armes à feu, la violence, le racisme, la pureté blanche, la gestation pour autrui, la PMA , les dons d’organes; de l’autre on est contre l’avortement, les hormones, le divorce. Pour y voir clair , les sociologues doivent regarder et comprendre notre monde mutant. Raphaël Liogier, sociologue vient de publier « Souci de soi, conscience du monde; Vers une religion globale »; Pour lui les religions classiques sont ressenties comme des langues mortes, à la manière du latin et du grec, intéressantes d’un point de vue culturel, qui permettent d’aménager sa grammaire, ses racines; les religions sont vécues comme anciennes, culturelles, mais dans la pratique, elles influencent peu la vie quotidienne centrée sur une construction journalière d’une vie mythomaniaque où le besoin de raconter, de ressentir du matin au soir, du pilier de bar au musée en passant par le travail, la boulangère, le boucher, la grande surface, crée un espace théâtral individuel; chacun se mets en scène et cette transformation garde les anciennes racines , les anciennes esthétiques liées à la religion (Églises musées, Cathédrales )Par contre, la nouvelle religion vivante est un nouveau culte: celui de l’Énergie. Ce culte devient la nouvelle transcendance, lien entre l’individu et l’Univers; il s’agit donc bien de l’évolution individuelle souhaitée; elle se retrouve à tous les niveaux, dans les aliments énergétiques, du yaourt probiotique, aux margarines aux omégas 3 et aux antioxydants en passant par le yoga, la méditation; comme pur les religions, les divinités , ce culte a ses rituels, dogmes: le mouvement, la connectivité, le rythme, le cycle, la boucle signes de ressources, de régénérations; son opposé, le blocage, l’immobilité, le conservatisme, le linéaire; ce culte demande le brut, le neuf, l’authentique; alors cette évolution qui se fait sans bruit demande plus de mobilité que de transcendance; il faut faire le tri entre stage de tao, de bouddhisme, de retraites, de néo-chamanisme, entre la conscience éveillée spontanée, les métamorphoses subites ou contrôlées; ces vérités nouvelles énergétiques ne distinguent pas l’esprit et l’âme; ces ritualisations modernes ne nécessitent pas de sacrements (baptiser, communier, se marier), ne plus passer à l’Église ou si peu, mais obéir à 3 thèmes essentiels imbriqués: « La connaissance de soi, le Bien-Être et la Créativité »; Je respire, je crée, je travaille, je me repose, je me relaxe, je médite, je me fait masser, soigner, je consulte des médecines douces, ostéopathes, naturopathes; alimentation bio, comportements, lâcher prise, , zen. le cherchant se veut rationnel , la foi est l’énergie, le bien-être, le ressenti; la connaissance de soi est équivalente à la bonne santé; épanouissement, jeunisme, culte du corps, consommation, modes diverses; tout ceci est un mythe; on oublie l’autre, le malade, le vieux, l’handicapé pour une vision moderne énergétique de la vie réservée là encore aux chanceux ; cette connection à l’univers fait sauter les stades intermédiaires, la famille, la cité, le clan, l’Eglise puis bientôt le pays, la nation; le voyage devient l’originalité, l’originel; ni Dieu, ni maître, en fait ni frontières, ni identités meurtrières; le monde globalisé nous crée « une altérité intériorisée »; la sincérité de l’engagement, est difficile à cerner entre un égoisme d’authenticité et une spontanéité humanitaire; cet évolution sociétale libérée des peuples et nations , cet « individuo-globalisme », se développe grâce à la prospérité et la sécurité des civilisations occidentales industrielles avancées; tous voudraient le bien-être, l’autonomie , la version authentique, mais seuls les favorisés vivent ce New Age. L’évolution personnelle que je préconise se rapproche de cette pensée énergétique , mais l’aspect un, chimérique, cyclique base de la transformation personnelle est oublié pour un moi encore trop important. C’est déjà un énorme progrès pour se libérer de l’intériorité des clercs; pour se libérer de l’égo, il faut le casser comme le recommande les bouddhistes; pour l’argent , le culte énergétique demande un minimum de revenus; ainsi, la voie de la santé conscience demande plus de connaissances pour intégrer une évolution individuelle, une évolution virtuelle numérique , une évolution spirituelle, début d’une évolution sociétale plus empathique, plus partageuse et plus éthique. Bernard Fanton;