Mon histoire, mes études médicales.
J’ai donc pu faire des études pratiques dés la 1ère année; en effet les études s’organisaient entre des cours l’après-midi et des stages non rémunérés dans les services hospitaliers; mon premier stage se déroula à Grange- Blanche aux urgences; comme j’avais déjà travaillé à l’hôpital de Bourg-en-Bresse, je pu exercer mes premiers soins sans trop de problèmes; sutures, perfusions, cathéters, incisions, pansements, plâtres, examens divers, aides opératoires; dans ce type de service on assiste à des événements multiples et graves; accidents de voiture, comas, accidents cardio-vasculaires, neurologiques, crimes, gangrènes, fractures, brûlures, etc.. notre chef venait d’Algérie et l’Anesthésie commençait à se développer; tout se faisait dans cet énorme service, chirurgie, suivi des comateux, médecine d’urgence, infarctus etc.. ce n’est que plus tard que les services d’urgences vont se séparer; nous étions de garde souvent et au bout de 6 mois, j’intégrais le service de gynécologie et obstétrique de l’Hôtel-Dieu; j’ai pu rapidement faire des accouchements dans un service où régnait les Sages femmes; il fallait être sur place pour se faire « une place »; donc la nuit; après 6 mois j’ai réaliser de nombreuses sutures d’épisiotomie et de déchirures; pour le reste des accouchements normaux et des aides pour les césariennes; i an après j’étais à la Croix-Rousse au service des maladies infectieuses; dans ce service, j’étais étudiant hospitalier et à ce titre, je pratiquais , suivait la visite du patron, effectuait les autopsies des morts pour savoir de quoi était décédé le malade; et des gardes de nuit était prévues pour les jeunes malades atteints de poliomyélite; il fallait passer la nuit à aspirer les secrétions bronchiques de ces enfants trachéotomisés; les rapports des soignants avec ces patients jeunes étaient difficiles, car le moindre retard apporté à l’aspiration des glaires créait des angoisses et des peurs ; il était fréquent d’assister à des reproches véhéments de ces jeunes malades en quête de santé et en fait très handicapés et sans solutions d’avenir; les séquelles de la polio étaient des paralysies à vie sans espoir et les formes respiratoires étaient les plus difficiles à soutenir; ce qui me frappe encore dans ce type de service, c’est la hiérarchie hospitalière; les rites de service; le mandarin, le patron, la visite, le voyeurisme, le patient aux ordres, le manque d’intimité, le diagnostic, les confrontations entre certains intervenants qui ont un peu de pouvoir, mais le patron a toujours raison; une anecdote pour ce service au sujet d’une origine tuberculeuse ou pas d’une méningite; le patron avait décidé d’une origine virale qui conduisait à une guérison simple, l’interne assez calé , avait envisagé une origine tuberculeuse sur des signes de gravité importants et sur une biologie de la ponction du LCR (liquide céphalo-rachidien); le patron vexé , signifie de façon violente à l’interne que c’est lui qui décide du diagnostic et que le traitement en urgence d’une méningite tuberculeuse ne se fera pas; le jeune homme est décédé 3 jours après et l’autopsie révélera bien une tuberculose méningée; le patron ne s’excusera pas et prétextera une forme déguisée et rare de la maladie; j’avais un regard déjà critique à l’encontre des hiérarchies pyramidales de l’hôpital qui n’ont pas changé; pour le stage de 6 mois, des heures à observer, à palper, à lire, à remplir , à autopsier; le matin il était fréquent qu’un patient décède dans la nuit et l’origine de la mort était nécessaire au dossier; pas de permission des familles, c’était comme çà; le préposé de la morgue nous attendait, saucisson et litron , pour une autopsie classique; les organes du patient restaient intacts, ce qui permettait une chirurgie presque classique; je n’ai par contre jamais supporté les cours d’anatomie sur des macchabées sortis du formol; la couleur, l’odeur et la sortie des corps ou morceaux de corps de bacs de formol me donnaient l’impression étrange de déshumanisation; l’autopsie rapide d’un patient vu et connu la veille restait encore un être entier; je commençais à me blinder pour la suite.BF.